XXIVe École doctorale des Pays de Vysegràd Autour du texte dans les études françaises


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Częstochowa, ul. Zbierskiego 2/4

La notion de texte, largement à l’œuvre en linguistique, dans les études littéraires et en sciences de la communication, ne se renferme pas dans une définition univoque. Partant, son approche ne se réduit pas non plus à un modèle homogène et stable. Certains identifient le texte au discours, d’autres le conçoivent en tant que structure en dépit du discours. Enfin, il y a ceux qui le voient en dehors de la production linguistique. Ces derniers parlent alors de textes musicaux ou filmiques. Au départ grammaticale et typologisante, la définition du texte acquiert une perspective pragmatique, sociodiscursive, traductologique, transculturelle voire cognitive. Ainsi, toute analyse textuelle devient-elle interdisciplinaire, en ce sens qu’elle unit des concepts et des méthodes représentant divers domaines scientifiques allant jusqu’à marier sciences sociales et sciences numériques. En linguistique, la notion de texte a donné naissance à différentes théories et approches. À titre d’exemple, mentionnons ici l’analyse critique du discours de Van Dijk, le modèle fondé sur la cohésion de Halliday et de Hasan, le modèle propositionnel du texte de Van Dijk et de Kintsch, la linguistique du texte de De Beaugrande ou de Dressler ou encore la textologie de Petőfi.

Dans l’espace francophone, les principales directions des études textuelles englobent la sémiotique de Greimas, la linguistique énonciative de Benveniste, la linguistique du texte de Coșeriu, l’analyse du discours représentée par Maingueneau, Charaudeau, Authier-Revuz, Moirand, Amossy et Rosier, la linguistique textuelle d’Adam, de Lundquist et de Rabatel, la grammaire de texte de Charolles ou de Combettes, l’analyse des interactions de Kerbrat-Orecchioni ou de Traverso, la pragmatique textuelle de Moeschler. En dehors des études centrées avant tout sur la langue, il faut également mentionner l’interactionnisme sociodiscursif de Bronckart ou la théorie du discours social d’Angenot.

En traductologie, on se heurte tout d’abord à la question des genres de textes et à leur aspect universel. Les spécialistes dans le domaine ont noté que certains types de textes imposent des normes soit au niveau linguistique soit au niveau de l’interprétation. Les études textuelles traductologiques ont encore mis en évidence tous les sujets liés à la traduction de textes, parmi lesquels le choix de stratégies de traduction, la question de la traduction des figements aussi bien linguistiques que situationnels, la traduction des textes clichés et stéréotypés, le problème de la (non)correspondance des réalités et des cultures. En passant en revue les différentes écoles traductologiques, comme p. ex. la translatologie linguistique de Jakobson ou de Nida, la traductologie sémiotique de Levy, de Popovič ou de Riffaterre, la traductologie communicationnelle développée par Jäger, Kade, Vermeer, Reiss ou Nord, l’école de Translation Studies de Holmes ou de Lefèvre, l’école des manipulistes avec Lambert, Van Grop ou Van den Broeck, la théorie de l’exotisation de Venuti, ou de Bassnett, on observe combien changent les attitudes envers les textes de départ et d’arrivée, envers le rôle du traducteur et envers la fonction de la traduction.

En études littéraires, le texte se distingue par son langage et sa structure, qui sont tous les deux hors convention. Le décodage de l’ensemble des éléments (la syntaxe, la ponctuation, l’orthographe lexicale et grammaticale, la pertinence et la richesse du vocabulaire, la présence de figures de style, le registre de langue, les fonctions), qui font que le texte est catégorisé comme artistique, devient le point de départ d’une réflexion littéraire. Le texte littéraire possède également une structure extra-textuelle (socio-historique, psychologico-anthropologique, culturelle, idéologique) qui est à découvrir et à aborder. Les différentes théories suivent plus ou moins tous ces aspects et fécondent un très large éventail d’approches qui va de la phénoménologie d’Ingarden et de la psychanalyse de Freud, de Jung et de Lacan, jusqu’à la méthode formelle (structurelle) de Tomachevski, de Chklovski ou de Jakobson. Le postmodernisme dans les études littéraires est associé surtout à la déconstruction de Derrida ou de Man, à la mythocritique de Barthes, à l’herméneutique du sujet de Foucault ou à l’intertextualité de Kristeva. Il est important de signaler encore la critique de l’imaginaire de Bachelard, la psychocritique de Baudouin, la sociologie de la littérature de Bakhtine ou la sémiotique littéraire d’Eco, de Barthes et de Greimas, la théorie de l’interprétation de Gadamer ou la théorie de la réception d’Eco ou d’Iser. La narratologie, fondée par Genette, vit aujourd’hui un renouveau, mais la narration est conçue comme un moyen de la construction de l’identité et de la compréhension du monde (Ryan, Fludernik, Herman).

Notre objectif est donc de chercher à dépasser les barrières linguistiques, littéraires et culturelles qui se sont imposées aux idées s’articulant autour de la notion de texte et représentant différents modèles, théories, et pratiques, et de faire ressortir des pistes de questionnement nouvelles.

Pour permettre de nouvelles avancées dans le domaine, nous vous invitons à participer au séminaire qui sera l'occasion de faire le point sur des concepts se situant au carrefour des études et d’aborder divers aspects liés aux caractéristiques définitoires ainsi qu’aux délimitations situationnelles de la notion de texte.

Nous proposons les axes de réflexion et d’analyse suivants :

1. axe linguistique : Étant donné le changement de formats (textes numériques), est-il possible de redéfinir la notion de texte ? Comment décrire les dynamiques d’organisation et de validation de la notion de texte ? Sur quels points les théories textuelles convergent-elles ? L’opposition texte / discours reste-t-elle toujours valide ? Quels critères pour quelles notions ? Comment décrire l’interaction textuelle ? Comment les sens et les sujets circulent-ils dans les textes ? Quand la notion de texte est-elle apparue en linguistique et comment a-t-elle évolué ?

2. axe didactique : Quels mécanismes d’acquisition des textes stéréotypés et des textes culturels ? Faut-il enseigner les mécanismes de formation des textes en cours de langues étrangères ? Quelles méthodes proposer pour enseigner les textes stéréotypés et des textes littéraires ? Comment varient la lecture et la production des textes selon les modalités (traditionnelles ou numériques) de leur approche ? Quel type de travail sur les textes pourrait correspondre aux objectifs proposés par la médiation pédagogique en classe de langue ?

3. axe traductologique : Quelles difficultés la traduction des textes représente-t-elle ? Quelles différences d’emploi culturelles ? Quels équivalents ? Quels critères et stratégies de traduction ? Que faire avec la (non)correspondance des réalités ? Y a-t-il de nouvelles pratiques traductologiques ? Quels critères de production et d’interprétation des textes ?

4. axe littéraire : Que veut dire un texte littéraire aujourd’hui ? Quels critères pour déterminer la qualité artistique d’un texte ? Comment et où retrouver l’intention artistique d’un texte ? Comment intensifier la forme d’un texte littéraire ? Comment arriver à un compromis entre la règle de l’identification (clichés, masques, parallélismes, loci comuni et autres) et la règle de la diversité (changement de rythme, personnage héroïque devenu traître, le comique changé en larmoyant) ? Comment un texte littéraire fonctionne-t-il dans les contextes culturel, social et historique ? Quels critères pour un texte hybride (littéraire / non-littéraire) ?

Les conférences plénières et ateliers

Nous avons prévu deux conférences plénières. Elles seront présentées par Agnès Tutin (Université de Grenoble Alpes) et Wacław Rapak (Université Jagellonne)

Nous vous invitons également à participer à l’un des 3 ateliers (au choix) dont l’objectif sera de présenter comment les nouvelles technologies peuvent enrichir la recherche indépendamment de la discipline déclarée.

Thierry Charnois, Université Paris 13, Laboratoire LIPN

Aude Grezka, CNRS/Université Paris 13, Laboratoire LIPN

Olivier Kraif, Université de Grenoble Alpes

Nous présenterons les descriptifs des ateliers dans le programme définitif du colloque.

Les débats

Nous pensons aussi à vous proposer un forum de discussion ouvert à tous les participants où pourront s'exprimer les différences et les opinions relatives à vos communications et à vos recherches. Le forum sera subdivisé en un certain nombre de groupes de travail thématiques conditionnés par les problématiques annoncées. Leur nombre sera donc défini après l’évaluation des propositions.






Źródło:  https://www.facebook.com/events/248898873412368

Aktualizacja:  2021-02-18 16:26:50